lundi 13 mai 2013

Indemnisé 37 ans après une transfusion

Les transfusions dans un tiers des contaminations avant 1990.

3 mai 2013. 37 années après une transfusion sanguine qui l’a contaminé au virus de l’hépatite C, la cour administrative d’appel de Marseille vient de condamner l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux, des affections iatrogènes et des infections nosocomiales (ONIAM) à indemniser un Arlésien.
    L’homme avait été victime le 14 avril 1976 d’un grave accident de la circulation avec une rupture de la rate qui avait nécessité d’importantes transfusions sanguines en 1976 puis en 1981. Le patient avait reçu en tout « 13 produits sanguins dont du plasma sec hautement contaminant, ce qui accroît le risque potentiel de contamination par transfusion », précise l’expert. Ce n’est qu’en septembre 1992 que le patient avait découvert sa contamination au virus de l’hépatite C lors d’un bilan sanguin  après un malaise.

« Le doute profite au demandeur »
    L’indemnisation des contaminations transfusionnelles antérieures à 2002 est régie par une loi de 2002. Elle est possible dès lors que le patient apporte « des éléments qui permettent de présumer que cette contamination a pour origine une transfusion de produits sanguins labiles ou une injection de médicaments dérivés du sang ». Dans l’examen de ces éléments, les juges ont rappelé dans le présent arrêt du 29 avril 2013 que « le doute profite au demandeur ».
    C’est ainsi qu’ils ont considéré que « la matérialité des transfusions subies » par le malade n’était « pas contestée ». Et contrairement au tribunal administratif de Marseille qui avait rejeté sa demande le 22 décembre 2010, la juridiction d’appel a estimé de « vraisemblance suffisante » l’hypothèse que l’opération de transfusion de 1981 soit à l’origine de la contamination de ce patient dont il est précisé par l’expert que « le mode de vie ne présentait pas de facteurs de risque ».
    Les juges ont surtout arrêté leur conviction sur les conclusions écrites en août 1995 par le professeur Pascal du service d’hépato-gastro-entérologie du CHU de Lyon qui affirme que « les transfusions sanguines réalisées avant 1990 étaient responsables d’au moins un tiers des contaminations en France ».

Aujourd’hui, l’EFS garantit la traçabilité

    La cour rappelle que la contamination avait eu lieu « à une date où il n’était pas procédé à une détection systématique du virus de l’hépatite C à l’occasion des dons du sang ». Chose impossible de nos jours : les virus de l’hépatite C, du VIH, de la Syphilis, etc. , sont détectés avant toute transfusion lors d’une batterie de 15 tests effectués dans les 48 heures après le don de sang dans les laboratoires de l’Etablissement français du Sang (ESF). La traçabilité est totale aujourd’hui et l’ESF garantie de pouvoir retrouver les donneurs tout en préservant l’anonymat du don du sang.
    L’EFS n’était en quelque sorte pas partie au procès en appel. Depuis le 1er juin 2010, c’est l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux, des affections iatrogènes et des infections nosocomiales (ONIAM) qui se substitue à lui pour charger « de l’indemnisation des victimes de préjudices résultant de la contamination par le virus de l’hépatite C causée par une transfusion de produits sanguins ou une injection de médicaments dérivés du sang ».
    C’est précisément l’ONIAM que la cour a condamné à verser 15.000 euros pour l’ensemble des préjudices personnels. Le requérant demandait près de 135.000 euros d’indemnisation. Opérateur de chaudière, il est à la retraite depuis 2005 après dix années d’invalidité. Il n’avait plus pu travailler depuis 1992 en raison de l’extrême fatigue provoquée son traitement. Les juges ont constaté que son état ne nécessitait « pas de traitement particulier » et correspondait à une « hépatite chronique sans signe d’activité » stabilisé depuis 2004 ».
David COQUILLE

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