vendredi 17 mai 2013

« Des ruptures, mais c’est la vie de l’implant »

Le procès PIP a pris fin, laissant Jean-Claude Mas, campé sur la certitude que sa tromperie était sans danger.

18 mai 2013. Le « procès masse de monsieur Mas » s’est achevé hier, suivant la formule de son avocat Me Yves Haddad. Après un mois de débats échevelés, de réquisitoire et de plaidoiries endiablées, le tribunal exceptionnellement délocalisé au palais des expositions du parc Chanot, a mis son jugement en délibéré. Il  sera rendu au tribunal de commerce de Marseille le 10 décembre prochain. Entre temps, le tribunal de commerce de Toulon aura statué, le 7 octobre, sur l’action civile de distributeurs et porteuses d’implants qui réclament 50 millions d’euros au certificateur allemand Tüv, accusé de négligences et qui se dit victimes des manoeuvres frauduleuses de la société PIP.
    Essuyant à l’ouverture du procès le 14 avril dernier les huées de porteuses d’implants remplis de son gel non conforme, celui qui s’était lui même dénommé comme le « grand satan », a pris la parole en dernier, à la différence de ses quatre coprévenus qui ont judicieusement compris qu’il valait mieux se taire. Jean-Claude Mas, lui, ne pouvait repartir sans un dernier pied de nez à la salle, au média et à « ces dames, les patientes, les victimes » qu’il a voulu rassurer et d’étrange manière :  « Le gel PIP, il est pas irritant mais pas du tout, il n’est pas toxique, il n’est pas dangereux », a redit l’homme contre qui 4 ans de prison ferme ont été requis pour tromperie aggravée et escroquerie.
    Au centre de ce scandale planétaire sur 72 pays dont 30.000 françaises et pour lequel 7.545 femmes se sont constituées parties civiles à Marseille, le septuagénaire inoxydable a émis un reproche et un seul envers ses anciens directeurs jugés avec lui. Et cela en disait long sur l’inaltérable conviction que son gel est le meilleur : « J’ai un petit reproche à leur faire : j’ai l’impression qu’ils ont douté en 2009. »  Cette année-là, la recrudescence de prothèses rompues allait conduire au contrôle fatidique et trop tardif de l’Afssaps en mars 2010 et la décision de retrait des prothèses du marché.

«
Mesdames l'anxiété, c’est psychosomatique ! »
    « Il y avait certes des incidents, c’est la vie de l’implant qui est comme ça », a dit Jean-Claude Mas qui avoue la tromperie mais ne cède rien sur le caractère dangereux qu’il dénie. Différentes études semblent lui donner raison. « Tous les tests de biocompatibilité avaient été faits en amont par PIP », ont assuré hier en choeur le patron déchu avec son avocat. C’est pas la faute à son gel « le syndrome d’anxiété qui est devenu du stress, de l’angoisse, de la panique », c’est « psychosomatique » ! « C’est pas un mauvais mot mais c’est incontrôlable», s’empresse d’ajouter le plus sérieusement du monde Jean-Claude Mas, empirique et toujours pas scientifique : « Après un coup du lapin, je prenais du Lexomil, je me levais la nuit, j’avais le syndrome de l’infarct. C’est une maladie sournoise, c’est une horreur ! »
    Son avocat avait concentré son tir sur le ministère public, le taxant de « parquet insuffisamment préparé », contre pied à la formule maladroite car ironique du procureur Jacques Dallest qui avait dit de PIP que c’était la « perspective d’irritation programmée ». « Mas, c’est peut être un charlatan c’est une certitude, mais ses prothèses n’ont tué personne dans le monde », a dit Me Haddad préférant voir dans ce scandale « la faillite d’un système, de l’Afssaps qui a si honte qu’elle a changé son nom, cette agence de sécurité qui ne sécurise rien, ce Tüv qui ne certifie rien. »
David COQUILLE

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