vendredi 26 avril 2013

J.C Mas, des excuses bidon comme son gel

Le fabricant d’implants viciés s’excuse du bout des lèvres puis clame : « mon gel, c’est le meilleur ! »

25 avril 2013. Accusé de tromperie aggravée et d’escroquerie, Jean-Claude Mas, le fabriquant d’implants mammaires remplis d’un gel à l’huile industriel bon marché et non déclaré, a pour la première fois, esquissé des excuses hier aux victimes. Des excuses du bout des lèvres et formulée comme son gel, sans grande cohésivité ! Pour la sincérité, chacun appréciera : « Je reconnais la fraude », acquiesce-t-il d’abord à la présidente, Claude Vieillard. « J’ai trompé les chirurgiens c’est évident. Je l’ai écrit dans une lettre à l’Afssaps et j’ai demandé aux patientes d’excuser PIP et son fondateur. » Voilà c’est dit qu’il s’était déjà excusé... Et sur la dangerosité de son gel au siloprene U65 moins destiné à gonfler des faux seins qu’à imperméabiliser les composants électroniques ? « De peur de me tromper, je préfère me taire », lance-t-il, finaud, à l’avocat de Tüv le certificateur qu’il sèche encore en demandant du temps avant de répondre s’il reconnaît ou pas l’escroquerie par dissimulation de son gel lors des audits. Comprenez : « Je veux réfléchir aux conséquences de mes réponses... » « Vous avez eu trois ans pour y réfléchir ! », cingle Me Olivier Gutkès.

« Peut-être suis-je un perfectionniste ! »
Finalement comme ça le démange Jean-Claude Mas se lance dans la zone rouge : « La dangerosité n’existe que dans le cerveau des journalistes et peut-être de certains cadres. S’il avait été dangereux, on le saurait depuis 20 ans ! », proclame celui qui regarde toujours son gel « comme le meilleur ». « Vous avez entendu les victimes ? », tente le procureur Ludovic Leclerc « Je pense à elles. Mais y a pas que PIP dans le monde. Tous les fabricants ont des problèmes. Rien n’est implantable, c’est un dogme. Par contre le corps tolère le silicone. » De se lancer dans une démonstration qu’il conclut d’un : « Cela répond un peu à votre dangerosité ? »
« Si votre gel était si bon que ça, pourquoi y avoir apporté toutes ces modifications ? » bondit la présidente qui s’entend répondre : « Peut-être suis-je un perfectionniste ! » - « Pourquoi avoir indemnisé des patientes si votre gel était si parfait ? » - « C’est normal la garantie. (son portable sonne de nouveau ) Ah mais c’est pas vrai ! » De poursuivre comme s’il parlait de pneus de voiture à remplacer : « Le corps d’une patiente change dans le temps. Si les prothèses sont rompues et qu’elle avait du 190 centimètres cubes, 10 ans après on change le volume, on lui met du 210 centimètres cubes sinon ça tombe, ça va pas. »

« C’est pas parce qu’on reste qu’on cautionne »
A l’opposé de la déposition digne et humaine d’un témoin le matin. Alban, 39 ans, était directeur technique chez PIP jusqu’en 2006. Il était opposé au gel PIP. « Loïc Gossart et Hannelore Font se sont battus avec moi pour la réintroduction du gel Nusil. Claude Couty nous comprenait. N’y parvenant pas, il part. « C’est simplement un problème de morale et d’honnêteté qui vous fait dire que vous ne pouvez pas utiliser ce gel. Je ne suis pas un carriériste dans l’âme. » Mas avait refusé sa démission. « M. Mas me disait que je me retrouverai à vendre des pizzas dans un camion. Quand vous avez un problème de conscience, soit vous partez soit vous cherchez à modifier les choses. Et c’est pas parce qu’on reste qu’on cautionne. C’est un problème de conscience personnel et ça devient dur de dénoncer son employeur. On ne dénonce pas parce que c’est votre employeur et que 100 personnes bossent et leur famille derrière. » Alban parle, un flot libérateur, calme et posé. « Ce ne sont pas des décisions faciles à prendre, il y a le chômage. Les personnels se font bouffer de l’intérieur avec leurs problèmes de conscience. Moi, j’étais à bout de souffle mais ma décision était prise et rien ne pouvait la changer. »
David Coquille
Les débats du procès en direct sur www.lamarseillaise.fr.

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